Cycle 2 Recycle : lutter contre la pollution du plastique, un voyage à vélo à la fois !
L'inspiration pour mon aventure m'est venue, en partie, de mes précédents voyages à vélo. Au début de mon premier voyage en 2016, que j’avais commencé en Albanie, j'ai été désagréablement surprise par les énormes quantités de déchets (plastiques) qui gisaient au bord de la route. Peu importe la beauté du paysage naturel qui m'entourait, il y avait partout des traces de passants sans respect. Et cela ne s'est pas arrêté lorsque j'ai quitté les Balkans pour aller plus loin vers le nord de l'Europe.
Il m'était difficile d'accepter que je ne puisse pas ramasser ces déchets plastiques pour les déposer dans des centres de traitement des déchets, mais mon vélo était trop lourdement chargé pour mon voyage de quatre mois, et je n’avais simplement pas de place pour cela. À la recherche de nouveaux défis et motivée par le désir de participer activement à la résolution du problème du plastique, j'ai fait le pari, il y a un an, de combiner ma passion pour le cyclotourisme avec ma passion pour l'environnement. Le projet Cycle 2 Recycle était né.
Pour ce nouveau défi, j'ai dû surmonter un premier obstacle : quel type de vélo fournit assez d’espace pour emporter tout ce plastique avec moi ? Après mûre réflexion, j'ai décidé qu'un vélo cargo serait la meilleure option, en raison du grand conteneur à l'avant. Mais cela signifiait aussi inévitablement que le poids du vélo lui-même serait doublé, passant de 15 à 30 kg... et en plus j'allais traverser les Alpes suisses à deux reprises !
Vous vous demandez pourquoi ? Eh bien, mon point de départ était Turin, en Italie, et il est difficile d’éviter les Alpes si l'on veut quitter l'Italie.
J'ai réalisé que j'avais besoin d'un bon entraînement pour pouvoir escalader le col du Grand Saint-Bernard à 2473 m. Le mois précédant mon départ, j'ai donc loué un appartement dans les collines près de Turin, dans le nord de l'Italie. Et je me suis pratiquement forcée à monter et descendre ces collines à vélo autant de fois que possible sous le soleil brûlant de l'été italien parce que, sinon, je n'aurais pas eu de nourriture ni vu de visage familier pendant un mois entier.
Et ça a marché ! Enfin, jusqu'à un certain point. Parce que monter et descendre des collines à vélo est une chose, mais gravir l'une des plus hautes chaînes de montagnes d'Europe est quelque chose d’encore bien différent. Sans parler des conditions météorologiques : c'était le 1er juillet et l'Europe sortait tout juste de la première vague de chaleur extrême de cet été-là. Des températures supérieures à 40 degrés Celsius avaient torturé le nord de l'Italie pendant des jours et lorsque j'ai entamé ma toute première ascension alpine, il ne faisait pas beaucoup plus frais. Il m'a fallu plus de 11 heures pour parcourir à vélo les 36 km d'Aoste jusqu’au sommet, et lorsque j'ai enfin posé les yeux sur le magnifique lac qui apparaissait après le dernier virage, des larmes de joie et d'épuisement ont coulé sur mes joues à la réalisation que cette journée de batailles en montée, d'émotions en descente et d'heures interminables sous le brûlant soleil italien était enfin terminée.
Mais même si ce jour n'était que le début de mon voyage et que je me suis maudite d'innombrables fois lorsque j'étais au milieu de tout cela, c'est aussi le jour de ce voyage que je me remémore avec la plus grande nostalgie. Ce sont les défis et les luttes extrêmes qui font que tout cela en vaut la peine, car au bout du compte, l'immense sentiment de satisfaction qu'ils génèrent est la meilleure motivation pour continuer.
Mes autres motivations l'été dernier furent bien sûr ma lutte contre la pollution du plastique et les personnes extraordinaires que j'ai rencontrées en cours de route. De l'hospitalité gratuite chez des particuliers et dans des hôtels aux personnes qui m'ont donné un coup de pouce pour monter une côte, aux curieux qui m'ont arrêté pour me demander ce que je faisais avec ce vélo bizarre et tout ce plastique, et aux autres cyclistes qui voulaient essayer mon vélo ou prendre un selfie avec moi: les réactions positives des gens tout au long de ces 6 semaines ont été incroyablement chaleureuses et lorsque j’étais prise d’un moment de fatigue ou de démotivation, il ne se passait jamais beaucoup de temps avant qu'un parfait inconnu n’apparaisse et m'encourage depuis l'autre côté de la route, ce qui faisait instantanément naître un gigantesque sourire sur mon visage.
Au cours de cette première aventure du Cycle 2 Recycle, j'ai parcouru 2000 km à travers six pays différents et j'ai réussi à ramasser un honorable 43 kg de déchets plastiques. Cela ne semble pas beaucoup, mais si l'on considère qu'il s'agit de l'équivalent de 4300 bouteilles en plastique vides de 500 ml, cela prend une autre ampleur. Et le défi continue!
Je suis actuellement en train de planifier ma deuxième aventure de Cycle 2 Recycle, qui sera un voyage plus long et plus difficile pour l'été 2020 (si la situation actuelle du COVID-19 le permet bien sûr). Je prévois de partir le 16 juin de Turin et de traverser à vélo l'Italie, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, la République tchèque, l'Autriche et la Slovénie, soit environ 6000 km en 3-4 mois. Je suis très enthousiaste à l'idée de relever ce nouveau défi, car grâce à ma première campagne de financement, j'ai pu acheter mon propre vélo d'occasion. Et avec ses 2,5 m de long, celui-ci est encore plus grand et plus lourd que le précédent... alors le défi lancé!
Cette prochaine aventure sera également une véritable expérience EuroVelo : Cette fois-ci, j'intègre 10 itinéraires EuroVelo différents dans mon trajets, et j'ai hâte de découvrir tous les beaux sentiers et points de vue qui m'attendent. Jusqu'à présent, mes expériences avec les itinéraires EuroVelo ont été très positives: j'ai parcouru une grande partie de la belle et populaire EuroVelo 6 - Atlantique-Mer Noire de Budapest à Passau en 2016, ainsi qu'une grande partie de l'EuroVelo 8 – Véloroute de la Méditerranée de l'Albanie à Trieste le long de la magnifique côte adriatique. De plus, j'ai suivi des morceaux plus courts d’autres routes comme l'EuroVelo 13 – Véloroute du Rideau de Fer et l'EuroVelo 17 - Véloroute du Rhône quand elles coïncidaient avec mon propre itinéraire. Je suis une grande partisane du réseau EuroVelo et des réseaux régionaux et nationaux de pistes cyclables, car ils offrent une excellente alternative écologique pour voyager à travers l'Europe. J'espère donc que ma prochaine aventure incitera les gens à aller sur place et à essayer quelques-unes des étonnantes routes EuroVelo qui existent sur tout le continent.
Jusqu'à présent, mes défis ont été pour la plupart autofinancés, bien que j'aie lancé une campagne de financement en « crowdfunding », où les particuliers et les entreprises peuvent faire un (petit) don pour soutenir mes efforts. Vous trouverez de plus amples informations sur le projet Cycle 2 Recycle, et notamment à propos de mes précédents défis, de l'itinéraire à venir pour 2020 et de la campagne de crowdfunding sur mon site web cycle2recycle.org.
© Toutes les photos ont été prises par Myra Stals.